Les constructeurs posent souvent des questions sur les "bonnes" techniques de câblage. Plutôt qu'un énoncé de règles un peu arides, ce petit article sur le dépannage d'un Zénith construit industriellement donnera quelques indications sur ce qu'on peut faire et ne pas faire...
Le manche à balai est toujours en mouvement. Si les fils de l'alternat ou du trim sont mal installés, les frottements et la fatigue entraînent invariablement des pannes.
Si la machine n'a pas été pensée pour la maintenance, la réparation peut être très pénible.
Après quelques hésitations au cours des vols précédents, la radio fonctionne, mais l'alternat ne permet plus l'émission.
Le trim électrique ne fonctionne plus. La machine a 180 heures de vol.
Première constatation, l'accessibilité est problématique.
À peine 20 cm entre les sièges inamovibles et le tableau de bord. Pas d'accès à l'arrière du tableau à part démontage, ou plongée la tête en bas.
C'est aussi à ces points qu'on reconnait un avion bien étudié d'une machine...très vite dessinée ;-(
Pas déçu de la plongée !
La misère est bien cachée, mais pas très engageante.
On notera en particulier l'alticodeur pendu directement aux fils par un simple Ty-rap, et le tuyau de frein qui se promène au milieu.
Malgré le fouillis, je ne découvre aucune connexion douteuse.
La panne concernant deux circuits différents, le seul point de l'avion où ils sont physiquement proches, est au niveau des fils du manche.
En se rapprochant, les choses se précisent : les torons issus du tunnel central sont en appui sans protection sur l'arrête du boîtier de pied de manche, ils sont déjà marqués.
Pas très bon, et générateur de court-circuits et de casse de brins de cuivre.
Remarquer les cailloux au fond du fuselage. Seuls les avions de voltige ont un plancher propre !
Voici le point qui pose problème.
Le fil sortant du pied de manche est mal posé: il se plie et se déplie en se tendant lors des mouvements avant-arrière.
En touchant cette portion du fil, on arrive à rendre la panne intermittente.
Le rayon de courbure est beaucoup trop faible. On a un véritable pli au lieu d'une large courbe.
Le mou est bridé trop serré, avec un rayon de courbure trop faible.
Rupture probable de brins de cuivre.
Alain a déjà ouvert la tête du manche. Pas de problème apparent à ce stade.
Les poignées Ray Allen sont très répandues (nous avons installé les mêmes), mais le volume dans la tête n'est pas suffisant pour contenir les fils sans les contraindre.
Par ailleurs les boutons de trim dépassant sont une source d'appuis intempestifs. Je les préfèrerais encastrés dans la poignée.
Le manchon plastique portant la tête est fixé par une vis en haut du manche, sous la poignée en mousse.
Et une en bas
Pour ne pas jeter les colliers plastiques lors des dépannages (le coût, l'environnement), quand on coupe un collier en place, le sectionner juste derrière la tête, pas au-dessous de celle-ci.
Le collier est ainsi réutilisable, bien que légèrement raccourci.
L'isolant extérieur est blessé par endroit par les colliers plastique, et le pli trop marqué ne présage rien de bon.
Ici la tresse ne sert que de protection mécanique. Elle a souffert du serrage des colliers.
Noter les brins de tresse cassés, il y a les mêmes vers l'intérieur. Risques de court-circuit s'ils pénètrent les isolants. Attention, ils ne traversent pas forcément tout de suite.
Les fils sont pliés en bayonnette, et crissent entre les doigts. Brins cassés à coup sûr, pas bon !
Les plus abîmés sont ceux de l'alternat et du trim.
Les soudures dans la poignée sont inspectées à la loupe ×10.
Une des connexions semble un peu sèche, elle est re-chauffée avec un soupçon de soudure.
La portion de fil blessée est amputée, et remplacée par un tronçon de fil neuf.
Vu l'emplacement resserré, la soudure s'impose. Les coupes des fils sont décalées, pour éviter de trop grossir l'ensemble.
La qualité des fils de l'avion est très moyenne, et l'isolant (PVC) frise à la chaleur du fer. Pas très joli, mais pas d'inquiétude !
Chaque soudure est couverte d'un bout de gaine thermorétractable. Un seul suffit, puisque les coupes ne tombent pas en face l'une de l'autre.
Pour permettre la maintenance, le fil du manche est relié au circuit avion par une prise Sub-D.
Le morceau de gaine thermorétractable sur chaque soudure est important pour la tenue mécanique comme l'isolement.
Le fil de droite est étamé et prêt pour la soudure sur l'autre prise.
La portion de fil sujette au frottement est protégée par une gaine tressée. Les fils du manche, soumis à des mouvements incessants, doivent être surveillés et entretenus régulièrement.
Les deux prises sont maintenues par deux petits Ty-Raps passés dans les trous.
Attention lors de la fixation du câble, d'éviter les contraintes sur les prises et les fils.
Et voilà ! "Bjjit, bjjit" fait le trim, "Tx, tx" fait la radio ;-)